Au poids de l'huile

Jillian garda les yeux baissés, n'osant plus regarder Dylan après ses aveux, et resta silencieuse. Elle était persuadée qu'il allait prendre ses jambes à son cou, et ne plus jamais la revoir. C'est connu que les hommes n'aiment pas les femmes difficiles et perturbées^^. Aussi, fut-elle surprise en entendant la douceur dans sa voix, qui montrait bien qu'il ne s'était pas enfui, et qu'il prenait ses mains dans les siennes pour l'empêcher de les torturer. D'abord immobile, la jeune femme finit par les serrer légèrement, se laissant faire, alors que c'était habituellement une marque d'affection qu'elle n'aimait plus depuis quelques années. Pourtant, cette fois, le geste de Dylan était rassurant, et elle s'y accrocha comme s'il allait partir. Pour une fois qu'elle ne lançait pas de regard sévère à celui qui avait osé faire ça. Cette fois-ci, elle avait trop besoin de lui, de quelqu'un à ses côtés, maintenant qu'elle avait dévoilé une partie de son secret qu'elle n'aurait dit à personne en temps normal.

"Je ne vais pas t'abandonner ok ? Et je ne te demande pas de changer...les femmes un peu revêches et solitaires ont leurs côté sexy..."

Jillian releva les yeux vers Dylan, et parvint à esquisser un pâle sourire à la fin de sa réplique. Mais son sourire disparut aussi rapidement qu'il était apparut. Elle essaya de s'accrocher à ses mots, comme à ses paroles suivantes.

"Je veux juste que tu sois toi même...et si cela doit prendre du temps pour qu'on se connaisse et bien je suis prêt à attendre. Je ne veux rien précipiter entre nous deux, je veux juste passer d'agréables moments comme on en vit maintenant...mais surtout...surtout, je veux que tu te sentes bien, ok ?"

Jillian détourna les yeux pour regarder autour d'elle, passant sa langue sur ses lèvres pour les humidifier, sentant une vague de tristesse l'envahir de plus en plus. Quand elle reporta son attention sur Dylan, des larmes faisaient briller ses yeux marrons/verts, mais elle respira profondemment pour empêcher le barrage de céder. Les mots du jeune policier lui redonnait un peu d'espoir, mais elle avait quand même peur de ce qu'il pouvait se passer, de comment elle réagirait, et elle voulait que personne n'en souffre. Dylan voulait que la jeune femme se sente bien, qu'elle soit elle-même, mais c'était ça le problème.

- "Je ne me sens pas bien du tout, au fond de moi ... alors, comment pourrais-je réussir à apprécier les autres, à aimer la compagnie de quelqu'un ? Je ne sais pas comment y arriver ... je ne suis pas sûre d'y arriver un jour ... je ne peux pas te faire subir ça".

La barrage dans ses yeux menaçait de céder d'un instant à l'autre, et Jillian détourna une nouvelle fois le regard. Elle ne pouvait pas demander à ce charmant jeune homme d'accepter de patienter qu'elle aille mieux pour devenir son ami, c'était quelque chose d'horrible pour lui. Les aveux de la jeune femme démontraient clairement que, derrière la façade de femme flic sévère et insensible qu'elle donnait en permanence, se cachait une femme détruite qui voulait être seule, mais qui avait en même temps besoin d'aide, sans oser le demander. Le regard de Jill se promena à nouveau dans la salle, et elle ne se sentit pas bien sur le coup. Elle voulait marcher, elle voulait fuir cette ambiance, ces gens, cette musique ... cette vie normale qu'on les gens normaux et heureux.

- "Est-ce-qu'on peut partir ... s'il te plait ? Je ne me sens pas bien ... j'ai besoin d'air".

Dylan accepta, et paya la note de ce repas prématurément terminé. Puis, il entraina Jillian à l'extérieur.

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